Le plus difficile est de prendre la parole. Des victimes témoignent. Elles ont choisi de parler. Leurs raisons sont multiples : sortir du silence, être accompagnées, aider d'autres victimes...
Verbatim de personnes victimes qui ont eu
un accompagnement de la CRR
D'être reconnu par la CRR comme personne victime me touche tout particulièrement. Et je vois bien que cette reconnaissance vient amplifier l'apaisement déjà éprouvé suite à nos échanges. C'est comme si je me sentais enfin réunifié, alors que les agressions subies m'avaient fait me dissocier dans ma vie intérieure et ma vie relationnelle, m'obligeant à combattre contre moi-même pour continuer à mener ma vie. C'est une page douloureuse qui est en train de se tourner.
Une fois encore, un très grand MERCI pour votre accueil bienveillant, sans aucun jugement. Il m'a été tellement précieux pour approfondir ce qui m'était arrivé !
Si la sexualité est dans son cœur même ouverture à l’autre, au souffle de la vie, elle est certes fragile, sujette à bien des embûches. Pensant à mes trois agresseurs, je me dis qu'ils ont été (se sont?) empêchés d'accéder à cette ouverture-là et ont pris des raccourcis pour tenter de goûter à ce don , mais sûrement sans joie. Cet apaisement qui m'habite de plus en plus ouvre désormais en moi, vis-à-vis d'eux, un espace de pardon.
Ça y est, le protocole est signé et le versement de la somme a eu lieu aujourd'hui, comme convenu. Autant la reconnaissance a été un acte fort, essentiel et constructif, autant la reconnaissance financière a été douloureuse pour moi. C'est normal comme dit mon psychiatre : « on n'achète pas la souffrance mais une reconnaissance financière est indispensable » et je pense qu'il a raison.
J’ai été reçu, écouté avec bienveillance et authenticité, et accepté de répondre au délicat questionnaire d’auto-évaluation des préjudices : Comment évaluer soi-même les conséquences de son préjudice, comment chiffrer l’irréparable, sur une échelle de 1 à 7, de 5 000 à 60 000 euros ? Pour moi, le maximum du référentiel ne peut alors être que le minimum de l’indemnisation de l’irréparable, et la réparation financière, que le corollaire de la reconnaissance qui reste primordiale. Le 06/09/2022, la CRR a donné ses recommandations sur les réparations dues à mon égard par la congrégation à laquelle appartenait mon agresseur, décédé en 1985. Décision inespérée, 55 ans après les faits. Seule victime déclarée, je souhaite que la CRR m’accompagne pour lancer un appel à témoins afin que d’autres victimes puissent se faire connaître.
Je vous renouvelle toute ma gratitude pour la qualité de votre écoute et pour ce que vous avez donné de vous-même pour moi et certainement tant d’autres. J’ai encore du mal à croire qu’il existe effectivement à présent une forme de réparation après ce long silence et cette colère tue. L’argent adoucit certainement les maux mais c’est bien dans l’échange humain que nous avons eu que je me sens le plus réparée.
J'ai bien pris connaissance du document officiel de la Commission qui est fidèle, d'une part, à ce que j'ai pu vous exposer tout au long de notre démarche, d'autre part, fidèle à ce que vous m'avez dit lors de notre dernière conversation téléphonique. Aussi, je vous confirme mon total accord sur ce document et vos préconisations qui vont nous amener au protocole d’accord entre les frères de XXXX et moi-même. J'ai trouvé une véritable écoute qui pour moi a été déterminante dans la confiance que j'ai pu mettre dans la démarche. Ce n'était pas pour moi une évidence au départ. J'avais énormément réfléchi et hésité avant de m'engager. Le rendez-vous m'a conforté dans mon choix et réconforté face à mon statut de victime crûe et reconnue comme tel.
Au-delà de l'aspect financier, le fait de pouvoir rencontrer le Provincial de la congrégation de xxx, et de planter un arbre avec lui près de la tombe de mon bourreau m'a profondément ému. Je suis reconnu comme victime. Cela m'aide à avancer tous les jours.
Je parviens à l’aboutissement de mon dossier personnel accompagnée par une membre référente dont je salue la formidable empathie, clairvoyance et investissement. Je me suis rapprochée d'une association de victimes, j’ai rencontré, échangé, mis en place des actions d’écoute, et je suis en rapport avec diverses presses et journalistes pour témoigner, appuyer, poursuivre cet appel à victimes J'espère que mon investissement de victime témoin permettra l’ouverture, la libération de la parole de ces victimes silencieuses sans doute encore , imprégnées de cette honte que l’on peut ressentir, de cette sidération qui nous empêche, ou qui s’ignorent, comme je me suis ignorée jusqu’à l’an 2000…
Ça fait 22 ans que je me répare de ce viol à travers psychothérapie, association thérapie et je sais combien le cheminement vers l’apaisement est porteur de questions et de souffrances mais, et aussi : de réponses.
Témoignage de Pierre
Sur Franceinfo, le 5 octobre 2022
Une victime témoigne sur l’accompagnement qu'il a reçu par la CRR. A écouter ci-dessous :