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Projection du documentaire
« Le prix d'une vie »

10 février 2024

Deux spectateurs partagent et décrivent la projection du documentaire « Le prix d'une vie » (2023), qui dévoile le parcours de réparation de victimes d'abus dans l'Église.

​Retour sur la soirée du 10 février 2024 à Loctudy.

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C’est la deuxième fois que ce documentaire est montré à Loctudy, deux mois après la première. D’où notre étonnement de voir une salle bondée.

Deux rangées de sièges réservées devant la scène. D’où vient tout ce gratin ?

Une vingtaine de personnes montent sur scène. Elles ne sont pas endimanchées. Même classe d’âge à quelques exceptions près. Relativement anonymes au premier abord, sauf l’évêque, plus grand que tout le monde et dont la croix scintille sous les feux des projecteurs et par moments nous aveugle.

Présentation

Qui est qui ? Chacun des protagonistes se voit proposer le micro. C’est parfois un peu emprunté - c’est difficile de se lancer à froid. Ils se connaissent, mais ne nous connaissent pas encore, nous public. On retient surtout de la prestation des réalisateurs l’annonce d’une expérience humaine très riche pour eux.

Projection

Puissance de la narration. Cette phrase en préambule (je cite de mémoire: « On aurait pu être heureux ») catapulte le spectateur auprès des héros/héroïnes du film, qui nous tiendra en haleine du début à la fin, dans un mélange très fin d’émotion sans apitoiement et de description sans répétition. La souffrance subie (à Loctudy comme au petit séminaire) est pourtant bien palpable.

Ce sera dit au cours du débat, toutes les victimes qui se sont exprimées sont de fortes individualités. Des héros à nos yeux, aux parcours variés. Ils ont en partage la lutte menée après un demi-siècle de silence - longue planche d’appel. Ils ont aussi en commun d’être des rescapés, à la différence des morts et des vivants restés à ce jour dans les limbes du silence. Aurait-on eu leur courage ?

Le cas des victimes de Frère Gabriel et des autres abuseurs évoqués est bien situé dans le contexte du rapport Sauvé et du grand désastre systémique des institutions religieuses. Les membres de la congrégation mise en cause sont perçus comme accueillants mais on les sent mal à l’aise. On ressent que leur situation est inconfortable.

Nous avions beau nous croire assez bien informés, la projection nous a secoués. Et la qualité du silence qui a suivi valait plus que les applaudissements qui lui ont succédé.

Débat

Les anonymes du début ont pris corps et sont désormais bien identifiés. Raymonde apparaît aussi spontanée que dans le film. Sa liberté de propos (« Il faut taper au porte-monnaie ») se conjugue avec de l’ouverture et de la générosité, elle qui s’attendait à « leur rentrer dedans », aux frères de la Congrégation. Elle y ajoute un rire expansif, comme une joie de vivre dont on vient à douter qu’elle l’ait jamais perdue.

 

L’évêque du diocèse condamne en termes vifs et sur un ton de révolte de l’esprit les agissements des abuseurs. Il explique les errements du petit séminaire à une époque où de nombreux jeunes y entraient sans vocation attestée ni vérifiée, tandis qu’aujourd’hui, les aspirants à la prêtrise seraient des adultes formés qui se sentent véritablement appelés. Il fonde son action de prévention sur l’écoute et se dit vigilant à l’égard de prêtres qui se montrent trop affectueux avec les jeunes qu’ils côtoient. Pour lui le rapport de l’adulte à l’enfant doit toujours être un rapport de sujet à sujet ; il faut y veiller. Lorsqu’on lui demande si tous ses collègues réunis à Lourdes deux fois par an sont aussi actifs que lui, il concède que « tous n’ont peut-être pas la même ardeur ». Un euphémisme pour Soeur Véronique, qui n’a pas sa langue dans sa poche et connaît ses évêques. Elle bluffe l’assistance par sa vivacité, son énergie et sa volonté de ne rien lâcher et de ne surtout pas tourner la page.

 

Les quelques membres de la Congrégation émeuvent par leur présence. Ils font état de leur grande souffrance, ce qui peut paraître un peu déplacé. Pourtant on les croit : ils expient les fautes commises par d’autres qu’eux, mais qui sont leurs frères.

Quelle bonne idée d’avoir fait appel à ce pédopsychiatre spécialisé dans l’accueil des enfants potentiellement victimes d’abus sexuels, d’où qu’ils viennent ! Cette bouffée d’air frais permet de dépasser l’amer constat des vies gâchées par des décennies d’inaction et d’envisager les méthodes et moyens mis en œuvre aujourd’hui pour venir en aide, en temps réel, aux enfants en difficulté.

 

À l’issue du débat nous éprouvons un sentiment de libération. Les victimes indemnisées - l’argent étant un symbole - ont changé de statut : désormais témoins, non seulement elles triomphent définitivement de Frère Gabriel, mais elles vont pouvoir agir, en faveur d’autrui, dans la lutte contre les abus sexuels qui perdurent, à travers une association, l’AMPASEO (un passeport pour l’âme ?), à laquelle on s’empresse d’adhérer.

Un grand merci aux organisateurs de cette soirée ! 

 

Christian et Chantal

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En savoir plus

« Le prix d'une vie »

Diffusé par France Télévisions, le 5 décembre 2023

Depuis la remise du rapport de la Ciase en octobre 2021, estimant à 330 000 le nombre de victimes au sein des institutions catholiques en France depuis les années 1950, l'Eglise, qui a reconnu sa responsabilité et le caractère systémique des violences sexuelles a entamé un processus de réparation et d'indemnisation des victimes. Mais comment évaluer de tels préjudices ? Comment chiffrer les indemnisations de victimes ? Quel est " le prix d'une vie " ? Ce film raconte le parcours de Raymonde, Marie-Pierre, Ghislaine, Jean-Pierre F., Gérard et Jean-Pierre S., de la première prise de parole aux innombrables démarches auprès des institutions, jusqu'au chiffrage de leur indemnisation.

AVEZ-VOUS ETE VICTIME D'ABUS SEXUEL COMMIS PAR UN RELIGIEUX ?
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